Accéder au contenu principal

Défi d'écriture février

Sur le site de Babelio, chaque mois, il y a un défi d'écriture. Ce mois ci le thème était "Rêves et rêverie"

Je vous laisse découvrir (avec un peu d'appréhension) mon texte sur ce thème.

La journée avait été difficile pour Tina. A l’approche de l’audition pour le rôle dans le célèbre ballet de la Belle au Bois Dormant, le stress ne faisait qu’empirer. Après des années de sacrifices, l’éloignement très jeune de son cercle familial, elle n’aspirait qu’a une chose : décrocher le premier rôle, celui de la princesse Aurore. Depuis l’annonce de ce projet, Tina était la définition d’un travail acharné, un train de vie irréprochable. Elle se levait aux aurores pour perfectionner ses pointes, ses arabesques et son attitude.  Car toutes les filles de sa promo étaient de redoutables compétitrices. C’était à elle de le vouloir plus fort, avec le plus d’envie. Le jour J, elle ne devra pas seulement exécuter pas après pas cette chorégraphie qu’elle connaissait par cœur, elle devrait y laisser ses tripes. Presque à s’écrouler dès que le noir se ferait sur scène.

Encore une journée dure en entrainement, où le corps endolori suppliait un peu de repos, mais à ce moment-là c’est la passion qui prenait le contrôle, qui coulait dans ses veines. Une douleur présente mais qui se faisait silencieuse pour laisser s’exprimer la beauté de cet Art.



Tina s’affala sur le canapé de son petit studio parisien, un petit espace mais qui lui appartenait. C’était un peu précaire mais elle avait su y mettre sa touche personnelle. Un grand cadre accroché au mur du salon représentait le portrait de Maïa Plissetskaïa, surnommée la « Diva de la danse ». Une célèbre ballerine russe qui avait été faite « prima ballerina assoluta », un titre qu’on attribue à une ballerine considérée comme douée de talents exceptionnels. Tina était fascinée par cette carrière. En plus des heures de danse au studio, elle trouvait des vidéos sur internet et s’inspirait de sa gestuelle, de son port de tête, de son interprétation.

 Le regard fixé sur le portrait, Tina s’endormit doucement. Son corps se détendit, son rythme cardiaque ralentit.

Le nom inscrit sur la porte la laissa rêveuse : Castav Tina, Princesse Aurore. Elle sortit son téléphone, pris une photo et l’envoya à sa mère.  La réponse ne se fit pas attendre.
« Il ne pouvait y avoir que ton nom ma chérie. Je suis si fière de toi. »
Discrètement, Tina essuya une larme sur sa joue. Dans les coulisses, ça se bousculait. Le froufrou des costumes frottait au mur. Un bruit qui la rassurait : elle était à sa place, et ayant obtenu le premier rôle, elle avait le privilège d’avoir sa propre loge.
A l’intérieur, ses costumes l’attendaient. Elle était fascinée par le tissu, les détails.

« Jamais tu n’aurais dû avoir ce rôle, tu seras la pire Aurore que l’histoire du ballet n’ai jamais connu. »
Le choc des mots. Était-elle endormi ? Lucie avait eu mal à l’annonce des résultats de l’audition. Depuis plusieurs années, elle avait enchainé les premiers rôles. Il fallait voir la surprise sur son visage quand elle a été prise pour Carabosse. Pourtant, une complicité avait commencé à se développer entre nous, après s’être côtoyé autant d’années.

« - J’espère que tu ne resteras pas stoïque lorsque je donnerai la réplique sur scène.
-Lucie, tu m’as fait paniquer ! »
-Je suis déjà dans mon rôle et tu ferais mieux de faire la même, ma belle. »
 Un bisou déposé sur la joue et Tina était à nouveau seule, dans sa minuscule loge.

Laurence, la costumière, arriva juste après le départ de Lucie. Elle devait aider Tina pour l’enfilage de son costume. Durant tout le ballet c’est elle qui l’aiderait au changement de costume et retouche de derrière minute.

«- Prête ?

-oui » dit-elle d’un air à demi rassurée.



Ses doigts filaient entre les costumes pour trouver celui de l’acte et le sortit de sa protection. Un tutu d’une couleur rose poudrée avec des rubans dorés, et une tulle blanche brodés de fleurs. Un moment rempli d’émotions lorsque qu’elle se déshabilla pour passer ce costume qui épousait son corps, mettant en avant ses courbes. Tina rentrait un peu plus dans le rôle d’Aurore. Après s’être assurée que tout était parfait, Laurence quitta Tina pour aller habiller une autre danseuse.



L’horloge tournait. Il était temps de commencer à se coiffer. La brosse, puis des épingles à chignons, des pinces, un filet invisible, et enfin la laque. Elle avait déposé toute ses affaires dans cet ordre sur la coiffeuse. Les lumières, tout autour du miroir, étaient allumées. Un collier de perle pendait au bord, un porte bonheur. En avait-elle vraiment besoin ? Cela la rassurait, et à ce moment elle en avait bien besoin.

Elle tira ses longs cheveux noirs pour en former une queue de cheval en haut de sa tête, cala quelques pinces, puis commença le célèbre chignon de la danseuse classique. Les cheveux s’enroulèrent sur eux même, puis elle y glissa les pinces. La dernière touche : la laque, pour fixer le tout. En relevant sa tête face au miroir, son visage se décomposa. Une teinte verte s’était déposée dans ses cheveux. Elle passe la main dessus, puis regarde sa main. Aucun dépôt. Aucune couleur. Était-elle sujette à des hallucinations ? Pour s’assurer que tout ça n’était pas réel, elle passa plusieurs fois la main dans ses cheveux, puis se regarda à nouveau dans le miroir. Le chignon était parfait.

La porte s’ouvra :

 «15 MINUTES »

Elle attrapa ses pointes dans son sac, s’assit sur le sol et commença à les enfiler. Pied gauche, nouant les rubans autour de sa cheville. Puis vint le pied droit. Au moment de nouer le ruban, il lui resta dans la main. Catastrophe ! L’effroi dans l’expression de ses yeux… Comment était-ce possible ? Il n’y avait eu aucun signe d’usure, pourquoi cela devait-il arriver ce soir ? La ballerine dans une main, le lacet dans l’autre, Tina lâcha tout et se précipita vers sa valise, espérant avoir sa paire de rechange. Elle retourna l’intérieur, en vain … La tête entre ses mains, elle se dit que l’espoir que cette première soit une réussite était assez compromis. Elle devait trouver Laurence, elle aurait sûrement une idée. En se levant, elle jeta un regard par terre et vit la ballerine intact.

Une gorgée d’eau et quelques échauffements plus tard dans les coulisses où se heurtaient les jeunes danseurs et danseuses, Tina se concentrait. Elle n’avait pas encore aperçu Guillaume qui jouait le rôle du Prince.  Il ne rentrait pas du même côté de la scène, mais de l’apercevoir aurait apaiser ses dernières craintes. Elle questionna certaines filles pour savoir si l’une d’entre elles l’avaient vu. Toutes lui répondirent par la négative. 

Laurence demanda le silence derrière le rideau. Les spectateurs prenaient place dans la salle, le brouhaha de la foule transmettait une excitation à tous ces artistes, qui se tenaient prêt à tout donner sur les planches.
Le directeur de l’école présenta le ballet et donna les dernières consignes.
Le rideau s’ouvrit, les lumières éclairèrent la scène, les décors. Son cœur s’emballa.
Au son des premières notes du Lac des Cygnes, les premières ballerines s’élancèrent, le visage radieux et le sourire brillant.
Tina, avec élévation, arriva sur scène plus éclatante que jamais. La chorégraphie était tellement intense que des plumes de son costume tombaient derrière elle, traçant un chemin. Tous les muscles de son corps étaient sollicités pour donner vie à sa prestation. L’éclairage l’éblouissait. Fin de scène. Elle s’enivrait des applaudissements du public. Juste avant sa sortie, l’éclairage faiblit. Dans la foule se détachait quelques visages familiers. Elle vit assis au premier rang la fée Carabosse, souriante, saluant la performance de ces jeunes prodiges.

Le souffle court, elle emprunta l’étroit couloir pour rejoindre sa loge. En ouvrant la porte, elle s’attendait à y retrouver Laurence, mais seule une note sur la coiffeuse l’attendait.
« J’ai dû partir, Maïa Plissetskaïa a une urgence costume. Je sais que tu comprendras ».
Elle avait vu tant de fois les mêmes gestes répétés de Laurence qu’elle enfila sa nouvelle tenue de manière quasi automatique. Une nouvelle gorgée d’eau et la voilà repartie vers l’acte qu’elle préférait interpréter le plus.

Quelques mouvements de tête et d’épaules pour maintenir ses muscles chauds. La blessure n’était pas envisageable. La sensation de chaleur s’intensifia quand elle vit les flammes qui sortirent du décor. Le metteur en scène s’était surpassé. La musique annonça son entrée. Expiration d’abord, toujours. Puis une grande inspiration…

L’alarme du four retentit. Tina se réveilla en sursaut. Son cœur palpitait à une telle vitesse, comme si l’effort avait était réel. Elle se leva pour atteindre la cuisine. Sur le frigo, un calendrier était affiché. La date du 26 était entouré au stylo rouge, le mot casting était inscrit dans la case. 
Quel jour était-il ?


Vous pouvez me faire vos retours en commentaires en dessous de cet article, sur Instagram @aa2liiinee ou par mail adelineauxpaysdeslivres.hotmail.fr avec le sujet défi d'écriture.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Surface d'Olivier Norek

Résumé Ici, personne ne veut plus de cette capitaine de police.  Là-bas, personne ne veut de son enquête. Merci aux éditions Michel Lafon et particulièrement à Camille pour l'envoi de ce livre.

Baby doll d'Hollie Overton

Résumé La nouvelle vie de Lily Riser commence un soir d’hiver glacial. Seulement vêtue d’un pyjama, elle passe la porte. Elle serre sa fille dans ses bras. Et se met à courir. Loin de la cabane dans la forêt, loin du père de Sky, de cet homme qui l’a séquestrée pendant huit ans et qui, pour la première fois, n’a pas fermé la serrure. Lily est libre, mais ce n’est pas pour autant que leur calvaire est fini. L’enlèvement et les sévices qu’elle a subis ne l’ont pas seulement marquée à vie, sa disparition a aussi détruit sa famille – surtout sa soeur jumelle qui ne s’est jamais remise de sa disparition. Tous tentent tant bien que mal de reconstruire un avenir, sans se douter qu’ils vont être à nouveau mis à rude épreuve. Depuis sa cellule de prison, le ravisseur de Lily compte bien punir sa Baby Doll pour sa désobéissance… Merci aux éditions Mazarine pour l'envoi de ce livre. C'est avec plaisir que je me suis lancée dans le premier roman d'Hollie Overton. J'avais

Le jour où je me suis aimé pour de vrai de Serge Marquis

Résumé Maryse est une femme belle, intelligente et affreusement narcissique. Elle est aussi la mère de Charlot, fils singulier, qui l'émerveille et l'exaspère à la fois. C'est que Charlot, tel le Petit Prince, la confronte à des questions philosophiques désarmantes de vérité. Animé d'une humanité à fleur de peau, Charlot fait valser les certitudes de sa mère et de beaucoup d'autres. Il va prouver qu'en cessant de se regarder le nombril, on peut accéder au vrai bonheur et apprendre à s'aimer pour de vrai. Quand les éditions Points m'ont proposée de découvrir le roman de Serge Marquis, j'ai tout de suite accepté. Le jour où je me suis aimé pour de vrai est un livre de développement personnel qui traite du thème de l'égo. Mais qu'est ce que l'égo? C'est en roman que Serge Marquis a choisi de nous faire voir les multiples facettes de l'égo. Une approche de lecture que j'apprécie: j'ai moins l'impression qu'on